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L’inflation s’implante dans l’économie canadienne

Les gens devront faire plus que simplement réduire leurs dépenses pour contrer la hausse du coût de la vie.


Tous ceux qui ont acheté une semaine d’épicerie, fait le plein d’essence ou fait l’acquisition de nouveaux meubles ou appareils ménagers récemment se seront rendu compte que nous ne vivons plus dans l’économie d’avant la pandémie. Les effets négatifs des perturbations de la chaîne d’approvisionnement et de la main-d’œuvre, de la faiblesse des dépenses de consommation et des restrictions liées aux déplacements et aux activités au cours des 18 derniers mois ont créé des conditions propices à l’augmentation de l’inflation monétaire.

La simple mention de l’inflation peut instantanément accroître l’anxiété des consommateurs; nous nous sentons impuissants quand nous sommes forcés de payer plus pour les produits que nous achetons fréquemment. Mais est-ce que ça doit être le cas? Mis à part lors de certaines circonstances rares ou extraordinaires, les prix des biens et des services augmentent tout le temps. La différence, c’est que pour la première fois en dix ans, les prix augmentent considérablement et plus rapidement que la normale, ce qui prend de nombreuses personnes au dépourvu.

Sans savoir si l’inflation, sous sa forme actuelle, est transitoire (temporaire) ou persistante (durable), les clients auront, à juste titre, des préoccupations quant à l’effet qu’elle pourrait avoir sur leur portefeuille et leurs objectifs financiers.

Mieux vaut passer à l’action

Dans toute conjoncture économique, et plus particulièrement en période d’incertitude, les investisseurs devraient rester concentrés sur leurs objectifs à long terme. Ceux qui sont restés sur la touche lors du krach boursier de mars 2020 regrettent probablement encore cette décision aujourd’hui, étant donné que certains indices ont enregistré des sommets records dans les mois qui ont suivi la première baisse.

En ce qui concerne l’inflation, la dure réalité est que l’inaction peut engendrer des coûts importants. Les clients ne réalisent peut-être pas que s’ils ont, par exemple, 10 000 $ dans un compte d’épargne ou un compte de titres du marché monétaire qui génère 0,5 % d’intérêt alors que l’inflation est de 3,5 % par année, ils perdent 300 $ par année en pouvoir d’achat. Toutefois, un léger changement de stratégie pourrait suffire pour se protéger contre l’érosion de toute épargne en espèces qui ne génère que peu ou pas d’intérêt.

Dans de telles circonstances, les comptes d’épargne et les placements à faible rendement du marché doivent être repositionnés pour protéger les actifs des clients contre l’inflation. Certes, cela implique que les clients acceptent de tolérer plus de risque, mais l’idée d’investir dans des sociétés, des secteurs ou des catégories d’actif qui se comportent généralement bien dans un contexte inflationniste pourrait facilement être mise de l’avant. Ils pourraient se rendre compte assez rapidement que l’éventail des options de placement offertes signifie que presque tous les scénarios proposent des occasions axées sur la valeur.

Il existe une possibilité de hausse

Par le passé, l’inflation a souvent été le signe d’un raffermissement de l’économie. Elle signale que l’augmentation de la demande de biens et de services sert de tremplin pour les hausses de prix. Certaines sociétés disposant d’un pouvoir de fixation des prix peuvent réaliser des bénéfices tôt dans un contexte inflationniste en choisissant de transférer les hausses de coûts aux consommateurs. Cependant, les prix peuvent grimper si rapidement que les clients hésitent à acheter certains produits, citant leur caractère peu abordable.

Cette fois-ci, on estime que les perturbations de la chaîne d’approvisionnement causées par la pandémie, les fermetures de frontières et les pénuries de main-d’œuvre dans certains secteurs représentent les principales sources de l’inflation. À mesure que la conjoncture devient plus favorable, la demande refoulée de biens et de services pourrait faire grimper l’inflation à plus de 2 %.

L’inflation peut aussi jouer un rôle positif dans la création d’une meilleure économie. Lorsque les banques centrales mesurent et enregistrent des paramètres définissant une conjoncture économique saine, comme la vigueur de l’emploi et le maintien de l’inflation au-dessus de 2 %, elles peuvent se prémunir contre un nouvel événement du marché en augmentant les taux d’intérêt. Les taux aux États-Unis et au Canada ont été maintenus près de leurs creux historiques pendant la pandémie (voir le graphique 1 ci-dessous), et de nouvelles réductions les pousseraient en territoire négatif. Disposer d’une marge de manœuvre excédentaire pour réduire les taux d’intérêt et stimuler l’économie représente un signe positif. La prochaine fois que l’économie se contractera, les taux d’intérêt élevés fourniront aux banques centrales la flexibilité nécessaire pour les abaisser afin d’éviter une possible déflation ou une contraction de l’activité économique.

Graphique 1 : Taux d’intérêt cibles (États-Unis et Canada) de 2016 à 2021.Source : Y-charts, 7 septembre 2021


L’inflation est-elle transitoire ou persistante?

Le caractère possiblement transitoire ou persistant de la montée en flèche de l’inflation a été souvent mentionné cette année. Toutefois, tout le monde convient que cette période d’inflation est réelle : il suffit d’observer les hausses de prix qui se manifestent partout pour le constater.

La situation difficile observée récemment dans le secteur du bois d’œuvre en Amérique du Nord représente un excellent exemple d’inflation transitoire. Au cours de la dernière année, le prix du bois a subi des hausses phénoménales pratiquement du jour au lendemain (comme l’illustre le graphique 2), et la hausse considérable du coût des matériaux a certainement forcé certains consommateurs à reporter leurs projets de construction d’un nouveau patio ou d’un nouveau quai, par exemple. Comme les prix exorbitants ont réduit la demande de bois d’œuvre, les prix de celui-ci ont dégringolé d’environ 70 %. Les scieries, qui étaient retournées à une production presque totale quand il a été jugé sécuritaire de le faire, recommencent maintenant à mettre à pied des travailleurs.

Existe-t-il en revanche des données indiquant que l’inflation continuera de grimper à long terme? Il est encore trop tôt pour le savoir, mais si l’économie se redresse, que les statistiques en matière d’emploi continuent de s’améliorer, qu’un plus grand nombre de sociétés dégagent des bénéfices et que les marchés restent solides, il est probable que l’inflation reculera et oscillera autour de 2 %. Ce niveau est supérieur à la moyenne sur 10 ans de 1,8 % et constitue une mesure clé pouvant inciter les banques centrales à commencer à relever les taux d’intérêt.

Graphique 2 : Hausses et baisses des prix du bois d’œuvre ($ US) en Amérique du Nord, de 2020 à 2021.Source : Y-charts, 7 septembre 2021


L’avis des experts

L’équipe de stratèges des placements de Manuvie décrit la reprise après la pandémie comme étant un processus où l’on fait « deux pas en avant et un pas en arrière », dans le cadre duquel l’économie et les marchés affichent une hausse, mais en demeurant vulnérable aux reculs en réponse aux perturbations que la pandémie pourrait encore causer.

L’équipe souligne aussi la reprise vigoureuse qui a propulsé la croissance économique à son niveau actuel et estime qu’il y a peu de raisons de s’attendre à un ralentissement ou à une récession importants à court terme. Comment en est-elle toutefois arrivée à cette perspective? Il est important de noter que l’argent qui a dormi tout au long de la pandémie commence à être réinjecté dans le système grâce aux dépenses de consommation et aux investissements, ce qui pourrait ouvrir la voie à une résurgence de l’économie mondiale qui dépasserait possiblement des niveaux inégalés depuis 2019. L’équipe surveille aussi constamment l’évolution du taux des obligations du Trésor américain à 10 ans, un indicateur clé, qui a chuté de 1,75 % à la fin du premier trimestre à moins de 1,20 % à la mi-juillet, puis grimpé à 1,55 % à la fin de septembre. Il s’agit d’un revirement spectaculaire par rapport à l’été 2020, alors qu’il se situait à près de 0,61 %.

Dans l’ensemble, l’équipe demeure optimiste à l’égard des perspectives économiques. « À moyen et à long terme, les données fondamentales de l’économie et des marchés demeurent constructives, les banques centrales du monde restant conciliantes et les consommateurs étant disposés à dépenser, et soutenues par un bilan solide et une hausse de l’emploi », affirme Macan Nia, stratège principal des placements à Gestion de placements Manuvie. « Nous jugeons que la robustesse de l’économie américaine continuera d’exercer une pression à la hausse sur l’inflation et les taux. »

Peu importe les fluctuations du marché à court terme, notre équipe tente continuellement de comprendre où se trouve l’équilibre entre les risques. Elle craint que le très contagieux variant Delta, qui est devenu la souche dominante du coronavirus, puisse encore entraver le processus de réouverture partout dans le monde. L’augmentation des taux d’infection aux États-Unis, qui correspond à une baisse du taux de vaccination au sein d’un important segment de la population, vient appuyer cette préoccupation.

Bien que les taux de vaccination par habitant au Canada aient dépassé ceux des États-Unis, il subsiste un écart suffisamment important pour que le virus prenne encore plus d’expansion parmi les personnes non vaccinées et commence à gangréner les progrès réalisés dans la lutte contre la pandémie au pays. Si le nombre de cas augmente trop, nous pourrions assister à un retour à des politiques plus restrictives sur les rassemblements, les déplacements et les loisirs, ainsi qu’aux dépenses associées à ces activités, celles-ci ayant contribué depuis peu à remettre les secteurs de l’hôtellerie et des services sur les rails.

Cependant, selon Kevin Headland, stratège principal en placements à Gestion de placements Manuvie, il y a peu de raisons de croire que l’inflation demeurera à son niveau actuel (près de 5 %) sur 12 mois. Il s’attend toutefois à ce que les taux restent supérieurs à 2 % pendant un certain temps, notant que « l’équipe s’attend à ce que la Réserve fédérale américaine maintienne les taux d’intérêt proches de zéro pendant un bon moment ».

Comme on s’attend à ce que la Réserve fédérale américaine continue de maintenir les taux d’intérêt à court terme à un bas niveau jusqu’en 2022, il est raisonnable pour les investisseurs de présumer qu’il est peu probable que les taux d’intérêt augmentent avant le quatrième trimestre de 2022.

Une approche « attentiste »

À la fin du mois d’août 2021, le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, a déclaré que la Fed pouvait prendre deux mesures pour contrer l’inflation : l’achat d’actifs et la gestion du taux du financement à un jour. L’achat d’actifs permet essentiellement au gouvernement de poursuivre ses activités en achetant des obligations, qui lui procurent suffisamment de capital pour soutenir l’économie. À mesure que le portrait continue de s’améliorer, la Fed peut entamer le processus connu sous le nom de « réduction des achats d’actifs », qui vise à freiner l’élan de l’économie et à abaisser l’inflation à des seuils moins préoccupants.

Ce résultat dépendra toutefois de l’évolution de la pandémie et du niveau de menace qu’elle continue de représenter. Malgré certaines statistiques très positives concernant les salaires et l’emploi au cours des derniers mois, le passage à une réduction des achats d’actifs ou à une hausse des taux d’intérêt avant que de nouvelles données ne fassent état d’une confiance accrue à l’égard des tendances économiques et de l’emploi équivaudrait à naviguer en pleine tempête. Entre-temps, la Fed demeure fermement ancrée dans une approche attentiste.

La valeur des conseils

La hausse actuelle des prix et la nature imprévisible de la COVID-19 ont peu atténué l’anxiété financière de nombreux Canadiens. Les clients sont de plus en plus préoccupés par la façon dont leur argent pourrait être touché par les événements récents et futurs. Il s’agit peut-être du moment idéal pour que les conseillers approfondissent leurs relations avec les clients et les aident à naviguer parmi toutes les informations qui circulent.

Bien que des progrès aient été réalisés pour corriger certains des dommages économiques que la pandémie a causés, l’économie doit encore composer avec les circonstances actuelles, y compris la perspective d’une inflation persistante. Entre-temps, en proposant aux clients des conseils avisés et une grande variété d’options de placement, nous pouvons leur procurer les moyens et la souplesse nécessaires pour saisir les occasions de croissance tout en contournant les effets négatifs de l’inflation afin qu’ils demeurent optimistes quant à la réalisation de leurs objectifs financiers à long terme.


Discuter de l’inflation avec vos clients

La hausse de l’inflation peut accroître l’anxiété en période de volatilité économique et ce n’est pas tout le monde qui est préparé à en tirer le meilleur parti. Voici quelques points à retenir pour aider les clients à traverser une période d’inflation.

  • Tout comme les impôts, l’inflation est une réalité. L’indice des prix à la consommation (IPC) constitue un baromètre économique qui fluctue constamment.
  • Lorsqu’on les observe d’un point de vue historique, les taux d’inflation actuels ne sont pas très élevés. Bien qu’il soit plus élevé qu’au cours des dernières années, un taux de 3 % ou de 4 % n’est que légèrement supérieur à la cible de 2 % habituellement considérée comme « saine » par les banques centrales. 
  • Il faut recommander la prudence aux clients qui tentent d’anticiper les marchés. Les tentatives visant à prédire les fluctuations des marchés et à en tirer parti sont susceptibles d’échouer pour diverses raisons, mais principalement parce que les événements pouvant influencer les marchés de façon spectaculaire sont rares, imprévisibles et souvent de courte durée.
  • Les clients devraient se concentrer uniquement sur ce qu’ils peuvent contrôler, soit ajuster le budget de leur ménage et réduire leurs dépenses; ils seront ainsi en mesure d’épargner de l’argent à l’abri des effets de l’inflation.
  • Ils sont capables d’affronter la tempête, même sans savoir combien de temps durera l’inflation accrue, car ils peuvent profiter d’une modification ou même d’un « rajustement » d’un portefeuille en effectuant des placements dans des sociétés et des secteurs moins vulnérables que la moyenne aux effets de l’inflation.
  • Il faut rappeler aux retraités que leurs prestations du Programme de la sécurité de la vieillesse et du Régime de pensions du Canada sont automatiquement rajustées en fonction de l’inflation à titre de mesure de protection.
  • Aucune loi n’interdit de demander une augmentation salariale, ce qui pourrait contrebalancer la perte de pouvoir d’achat.
  • Il faut conseiller aux clients de surveiller les statistiques et d’attendre que l’inflation s’aplatisse avant de faire des achats superflus importants. Les prix pourraient baisser aussi rapidement qu’ils ont augmenté. (Voir l’exemple du secteur du bois d’œuvre illustré ci-dessus.)
  • Il est important de rappeler aux clients que bien que l’inflation soit plus élevée en 2021 qu’elle ne l’a été depuis plusieurs années, il convient de la devancer en passant en revue et en modifiant leurs préférences en matière de services bancaires et de placements afin d’en atténuer les effets.

 

[1] https://www.worlddata.info/america/canada/inflation-rates.php (2010-2020)

[1] https://ycharts.com/indicators/10_year_treasury_rate 


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