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Peut-on parler d’un marché optimiste?

L’importance de garder le cap au cours des prochains mois.

Avec les dossiers de Kevin Headland et de Macan Nia, co-stratèges en chef des placements, Gestion de placements Manuvie

En cette fin d’année 2021, les marchés continuent de battre des records, les entreprises et les consommateurs voient diminuer le nombre de restrictions liées à la pandémie, et les voyages transfrontaliers entre le Canada et les États-Unis sont en hausse. Malgré cela, beaucoup de gens s’inquiètent de l’inflation, des perturbations de la chaîne d’approvisionnement et des pénuries de main-d’œuvre, faisant ressortir l’incidence possible de ces facteurs pour les investisseurs à l’approche de 2022.

Pour aider à comprendre la situation, Kevin Headland et Macan Nia, co-stratèges en chef des placements à Gestion de placements Manuvie nous donnent leur point de vue sur l’inflation, les hausses de taux, le rééquilibrage du portefeuille, et plus encore, en commençant par les conséquences d’un ralentissement de l’économie.

Solidité économique

« Nous observons un ralentissement économique général partout dans le monde, et la notion de stagflation commence de plus en plus à s’insinuer dans la conversation, révèle M. Headland. Essentiellement, il s’agit d’un contexte où l’inflation augmente, mais où l’activité économique diminue. »

Mais faut-il vraiment parler de stagflation? M. Nia est d’un autre avis.

« Je ne dirais pas que nous sommes dans un contexte de stagflation, mais plutôt de slowflation, précise M. Nia. Oui, l’inflation augmente, mais l’activité économique ne diminue pas assez pour nous inquiéter. Il y a un ralentissement par rapport aux sommets de l’été, mais les perspectives restent favorables pour les bénéfices et le marché. »

On peut cependant s’inquiéter du ralentissement de l’économie chinoise, dont témoigne la faiblesse des prix du cuivre. Les prix du cuivre sont en baisse, ce qui peut s’expliquer par une diminution de la demande manufacturière.


Les prix du cuivre signalent un ralentissement de l'économie chinoise Importations chinoises par rapport aux prix du cuivre Variation en glissement annuel 2006-actuel (avec prévision à 6 mois).

Marchés des capitaux et Stratégie, Bloomberg.  Au 30 septembre 2021


Il est intéressant de noter qu’une partie de cette faiblesse économique peut être délibérée. « Pour expliquer cette faiblesse délibérée, on peut donner l’exemple des taux d’émission, dans un contexte où la Chine n’était pas en voie d’atteindre ses objectifs de réduction des émissions, fait valoir M. Nia. Les usines alimentées au charbon ont donc été enjointes d’interrompre tour à tour leurs activités, ce qui a eu une incidence sur l’activité économique. »

Parallèlement aux taux d’émission, la Chine semble avoir de la difficulté à importer du charbon de l’Australie et de la Mongolie. Sans compter que l’une des principales régions productrices de charbon de la Chine a aussi été lourdement touchée par les récentes inondations.

Dans une perspective d’avenir, l’équipe Stratégie des marchés des capitaux estime que la faiblesse actuelle de l’économie chinoise sera probablement de courte durée, puisque le gouvernement interviendra et permettra aux usines de reprendre leur pleine production, marquant un retour de la tendance à la hausse pour la nouvelle année.

Inflation et placements

Il existe une foule d’adjectifs permettant de décrire l’inflation : transitoire, persistante, durable. Cependant, ne serait-il pas plus important de savoir à combien se chiffrera l’inflation plutôt que d’essayer de la décrire? L’inflation restera-t-elle dans la fourchette des 5 %? L’équipe Stratégie des marchés des capitaux en doute.

« L’inflation a probablement été plus persistante que l’avaient prévu bien des investisseurs et les banques centrales, tout comme les perturbations de la chaîne d’approvisionnement et la pandémie. Mais si nous anticipons la situation dans deux ans, nous nous attendons à ce que l’inflation se situe davantage dans la fourchette des 2 % », affirme M. Nia.

Malgré tout, on ne peut pas ignorer l’effet de l’inflation sur le rendement des placements.

« Imaginez un retraité qui touche un revenu fixe. Si ses placements ne lui procurent pas un rendement supérieur à l’inflation, il perd de l’argent. L’augmentation des prix dépasse le rendement de ses placements, ce qui réduit son épargne. Nous devons en être conscients », poursuit M. Headland.

À l’heure actuelle, les taux d’intérêt des obligations du Trésor américain à 10 ans sont de l’ordre de 1,5 %. Pour compenser l’inflation, le rendement des obligations à 10 ans doit afficher une tendance à la hausse.

« Il faut aussi tenir compte du rendement réel, qu’on obtient en soustrayant le taux d’inflation du taux d’intérêt d’une obligation. Si une obligation rapporte 2,5 % et que l’inflation est de 2 %, le rendement réel est de 0,5 %. Ainsi, si le taux d’inflation est supérieur à 2 %, le taux des obligations du Trésor américain à 10 ans devrait être d’à peu près 2,26 %, selon le rendement réel moyen à long terme, afin de compenser l’inflation », d’expliquer M. Headland.

C’est pour ces raisons que l’équipe Stratégie des marchés des capitaux est d’avis que les taux des obligations du Trésor américain à 10 ans et ceux des obligations canadiennes à long terme tendront à augmenter pour compenser l’inflation plus élevée, c.-à-d. supérieure à 2 %.

Équilibrage du portefeuille

L’équipe Stratégie des marchés des capitaux reste optimiste à l’approche de 2022, mais signale qu’il sera nécessaire de changer de méthode pour assurer la stabilité d’un portefeuille de placements.

« Depuis quelques années, on nous demande si le portefeuille 60/40 est toujours pertinent, et je réponds infailliblement oui, continue M. Headland. « Cependant, l’affectation de 40 % aux titres à revenu fixe doit être repensée. Il faut pouvoir faire preuve de souplesse et examiner les différents types d’obligations qui peuvent générer des rendements et offrir une protection contre les baisses compte tenu du nouveau contexte dans lequel nous nous trouvons. »

« Lors du repli du marché en septembre, notre portefeuille d’actions (60 %) et d’obligations (40 %) a connu sa première perte mensuelle en 2021, révèle M. Nia. Généralement, quand les cours des actions reculent, les taux des obligations augmentent pour stabiliser le portefeuille, mais cela ne s’est pas produit en septembre. »

Dans un contexte de hausse de l’inflation, la composante de titres à revenu fixe des portefeuilles sera malmenée, mais il existe des moyens d’atténuer les risques de baisse. Au nombre de ces stratégies, soulignons la réduction de la durée financière du portefeuille de titres à revenu fixe, l’augmentation du pourcentage d’obligations à rendement élevé et la possibilité d’une expansion mondiale qui permet de remplacer certaines obligations canadiennes par des occasions sur les marchés émergents.


Éventail des rendements Bien que les rendements des obligations du gouvernement canadien soient faibles, il existe un monde de revenus qui mérite d'être exploré. Le graphique illustre le large éventail de choix disponibles pour les gestionnaires de portefeuille qui cherchent à constituer un portefeuille de revenu diversifié à l'échelle mondiale.

Marchés des capitaux et Stratégie, Bloomberg.  Au 30 septembre 2021


« Pendant longtemps, les titres mondiaux étaient rarement à la portée des investisseurs canadiens, et on a maintenant plus de latitude, ajoute M. Headland. Vous voulez pouvoir investir n’importe où dans le monde. Les investisseurs ont adopté cet état d’esprit pour les actions, et peu à peu, ils se mettent à envisager les titres à revenu fixe de la même façon. Il faut savoir qu’à l’échelle mondiale, le marché des titres à revenu fixe est plus important que le marché boursier. Les titres à revenu fixe présentent toute sorte d’occasions. Il vous suffit d’être ouvert à l’idée d’aller au-delà des instruments à revenu fixe traditionnels. »

Prise en compte du marché

Existe-t-il une astuce en cas de liquidation boursière? En analysant les données de l’indice S&P 500 depuis 1970, dans des conjonctures de croissance et de récession, l’équipe Stratégie des marchés des capitaux constate que les liquidations boursières sont propices aux achats.


Les investisseurs sont récompensés en achetant lorsque le marché vend des rendements à terme sur 1 an de l'indice des prix S&P 500 après les ventes à partir du pic de 52 semaines (1970 – actuel).

Marchés des capitaux et Stratégie, Bloomberg.  Au 30 septembre 2021


« Il s’agit d’un comportement tout à fait normal à l’issue d’une récession. Un marché baissier et une reprise comportent trois phases; nous nous trouvons maintenant dans la troisième phase, qui est la période de normalisation, explique M. Headland. Pensons-nous que les actions dégageront des rendements de 20 % au cours des 12 prochains mois? Probablement pas. Pensons-nous que les actions obtiendront des rendements supérieurs aux titres à revenu fixe? Très probablement. C’est pourquoi nous n’avons apporté aucun changement à notre portefeuille modèle, qui est composé à 65 % d’actions et à 35 % de titres à revenu fixe. »


Répartition de l'actif du modèle de stratégie de marché des capitaux.Marchés des capitaux et Stratégie, Bloomberg.  Au 30 septembre 2021


« Dans le secteur des titres à revenu fixe, un contexte de hausse des taux d’intérêt exige qu’on s’intéresse aux obligations de courte durée et aux obligations à rendement élevé pour atténuer les risques de baisse », enchaîne M. Nia.

En cas de repli, il est possible d’augmenter la pondération des actions dans le portefeuille ou d’utiliser les liquidités pour investir dans des actions. Mais l’équipe Stratégie des marchés des capitaux prévient que les attentes de rendement pour les 12 prochains mois doivent être ajustées.

Hausse des taux de crédit et d’intérêt

En plus de la hausse de l’inflation, certains craignent une augmentation du coût d’emprunt, qui pourrait réduire les dépenses de consommation. Mais est-ce une préoccupation immédiate? L’équipe Stratégie des marchés des capitaux estime que la confiance des consommateurs est une raison d’être optimiste.

« Notre équipe est d’avis que les taux augmenteront probablement, et que la hausse des taux d’intérêt pourrait avoir une incidence sur les dépenses et les prêts de consommation. Cependant, selon des indicateurs fiables, la confiance des consommateurs est stable », d’ajouter M. Nia.

« Bien des banques ont récemment fait état d’une augmentation de leurs activités de prêt. À mesure que les consommateurs commencent à avoir plus confiance dans leur situation et dans leur emploi, ils sont plus ouverts à l’idée de s’endetter davantage – c’est un signe que l’économie s’améliore », renchérit M. Headland. « Certains indicateurs laissent entendre une augmentation des dettes liées aux cartes de crédit, ce qui suggère que le consommateur se sent suffisamment confiant pour recommencer à dépenser. »

Lorsqu’elle envisage de relever les taux d’intérêt, la Réserve fédérale des États-Unis se fonde sur diverses données, notamment le sous-indice du crédit lié aux conditions financières nationales selon la Réserve fédérale de Chicago, pour prendre sa décision. À l’heure actuelle, l’équipe Stratégie des marchés des capitaux convient que les conditions de crédit restent assez bonnes, sans être aussi favorables qu’en 2020, mais ne constituent pas une raison de s’inquiéter.


La Fed a maintenu des conditions de crédit très accommodantes. Sous-indice de crédit des conditions financières nationales de la Réserve fédérale de Chicago (1971 – actuel).Marchés des capitaux et Stratégie, Bloomberg.  Au 30 septembre 2021


« Nous ne prévoyons pas que la Fed augmentera les taux dans un proche avenir, mais nous pensons qu’elle commencera à réduire ses achats d’actifs. Quand la Fed commencera à réduire ses achats mensuels d’actifs, cela diminuera les liquidités sur le marché et resserrera le crédit. Mais nous ne pensons pas que cela créera un manque de liquidités », poursuit M. Headland.

Du point de vue des sociétés, le secteur des titres à revenu fixe continue de bien soutenir les sociétés qui veulent réunir des capitaux. Les bénéfices des banques sont également solides – un autre indicateur fiable témoignant de la confiance dans l’économie.

« Quand on recherche des indicateurs de récession, l’un des signes est le resserrement des conditions de crédit. Dans notre contexte actuel, où les conditions de crédit sont plutôt accommodantes, nous pensons que le risque de récession est très faible, continue M. Nia.

Immobilier

Avec la montée en flèche des prix du logement partout au Canada, il peut sembler normal de penser que l’immobilier est peut-être la meilleure occasion de placement. Les investisseurs qui se demandent pourquoi ils devraient continuer à investir dans le marché boursier plutôt que dans l’immobilier seront intéressés par notre étude.

« Nous avons comparé le rendement total de l’indice S&P 500/TSX à celui de l’indice Teranet-Banque Nationale du prix des maisons depuis 2002. Compte tenu du rendement calculé sur des périodes mobiles de trois ans, les marchés boursiers affichent de meilleurs rendements, mais ils sont plus volatils, allant de  15 % pendant les creux de la crise financière de 2008 à 25 % en 2012, pour se situer dans la fourchette des 10 à 15 % en moyenne au cours des cinq dernières années. Selon l’indice du prix des maisons Teranet, sur une base mobile, la moyenne est d’environ 8 % pour les cinq dernières années », indique M. Nia.


Les actions ont tendance à surclasser les prix des maisons canadiennes, mais elles sont plus volatiles. Indice des prix de la maison Teranet Banque Nationale par rapport au S&P 500 et à l'indice de rendement total S&P/TSX Rendements glissants sur 3 ans (2000 – actuel).Marchés des capitaux et Stratégie, Bloomberg.  Au 30 septembre 2021


Quand on regarde les antécédents des actions, elles se sont aussi bien comportées, sinon mieux, à long terme, par rapport aux prix des maisons au Canada.

« Lorsque les prix des maisons augmentent de 20 %, il peut être facile de penser qu’ils augmenteront de 20 % tous les ans, mais ce n’est simplement pas le cas. Et quand on regarde les données historiques, il y a eu des périodes où les prix des maisons stagnent et restent les mêmes pendant près de dix ans », constate M. Headland.

L’avantage d’investir dans des actions est l’exposition au risque. Les portefeuilles peuvent être modifiés pour tenir compte des secteurs de croissance du marché et offrir une protection contre le risque de baisse. Ce genre d’occasion n’existe pas vraiment dans l’immobilier.

« La réalité de l’immobilier, c’est aussi le niveau d’endettement nécessaire – les investisseurs ont besoin d’avoir une mise de fonds pour investir dans l’immobilier, alors que ce n’est pas le cas pour investir dans des actions », signale M. Nia.

 Bien qu’il y ait toujours des manchettes alarmistes, qu’il s’agisse de variants de la COVID-19, des taux de croissance records, des plafonds d’endettement ou des ralentissements du secteur manufacturier, il est également important de souligner que la croissance économique va bon train.

« Nous avons connu des niveaux de croissance qui n’étaient pas viables à long terme. Nous progressons maintenant à un rythme très positif pour l’emploi, le logement et la rémunération, ce qui est positif pour les actions sur un horizon d’un an », estime M. Nia.

« Oui, les choses ralentissent, mais elles vont quand même bien. Il n’y a aucune raison de craindre ce contexte pendant la prochaine année », de conclure M. Headland.

Pour obtenir de plus amples renseignements de la part de l’équipe Stratégie des marchés des capitaux de Manuvie, visionnez le balado sur les placements ou visitez sa page Web ici.



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